MAÏA BRAMI
©Julien
Brami
1. Pouvez-vous
vous présenter ?
C’est
un exercice difficile. Je pense que mes réponses à vos questions seront un bon
début de présentation…
2. Avez-vous
toujours su que vous seriez (ou voulu être) écrivain ?
Je
l’ai su assez tôt, en classe de 6e. Le professeur de français nous a proposé un
devoir sur table où il fallait raconter une heure de cours avec l’un de nos
professeurs et j’ai choisi le prof de Maths qui me terrifiait. J’ai écrit un
texte plein d’autodérision, où je dédramatisais mes larmes. La semaine
suivante, mon texte a été lu devant la classe. Et la réaction amusée des élèves
m’a soudain fait prendre conscience que, grâce aux mots, j’avais un pouvoir,
j’étais quelqu’un. C’est ce qui m’a décidée à devenir écrivain.
3. Depuis
combien de temps écrivez-vous ?
Je
serais tenter de répondre, depuis que je suis en âge d’écrire. J’ai retrouvé un
recueil de poèmes composé à 8/9 ans.
4. Quel a
été l’élément déclencheur qui vous a poussé à écrire ?
Voir
question 2
5. Qu’est-ce
qui vous a poussé à sauter le pas, à envoyer votre premier manuscrit à une
maison d’édition ?
J’ai
eu vent d’une collection pour adolescents qui débutait. L’éditeur recherchait
des textes. A l’époque, j’écrivais des nouvelles et je ne pensais pas écrire
pour la jeunesse, mais mes parents m’ont dit d’essayer. J’ai pris un mois pour
relever le défi. En trois semaines, j’avais écrit « Vis ta vie Nina » ! Pour
l’anecdote : l’éditeur en question n’en a pas voulu et le manuscrit a fait
plusieurs maisons avant de trouver preneur chez Grasset jeunesse.
6. Vivez-vous
de votre passion pour l’écriture ou avez-vous un autre métier? Dans le cas d’un
autre métier, comment arrivez-vous à concilier les deux ? (au niveau temps)
Ce
serait merveilleux de vivre de sa plume, mais rares sont les élus. Un auteur
touche bien peu sur chaque livre vendu — moins d’un euro en général. Donc, à
moins d’en vendre des quantités, il faut avoir un boulot alimentaire à côté.
J’ai longtemps été journaliste freelance — presse, Net, radio, TV — et j’anime
régulièrement des ateliers d’écriture en banlieue dans les écoles, les
collèges, et au Mémorial de la Shoah, à Paris. Je réalise aussi de plus en plus
de portraits de musiciens classiques. Il m’arrive aussi de couvrir des
festivals en tant que photographe. Jusqu’ici, j’ai réussi à me ménager beaucoup
de temps pour écrire, ce qui me permet de travailler de façon intense sans être
coupée dans ma concentration.
7. Où
puisez-vous vos idées ?
De
la vie, je pense. Quand je me rends dans les classes, je raconte souvent aux
petits que j’ai l’impression que mon cerveau fonctionne comme un tamis, qui
filtre un tas d’informations. Lorsqu’une idée me reste en tête et m’obsède, ça
devient une pépite qui demande à être exploitée par l’écriture.
8. Comment
construisez-vous vos personnages ? est-ce que vous vous inspirez de vos proches, de votre
histoire personnelle ?
Certes,
l’imagination pure et dure n’existe pas. Elle se nourrit de la vie, de l’expérience,
de tout ce que je peux voir ou entendre, qu’on me raconte, que je lis.
9. Vos
livres sont principalement tournés vers le personnage féminin ou vers les
enfants, est-ce quelque chose qui vous tiens à cœur ?
Mais
les garçons sont aussi présents dans tout ce que j’écris : dans certains de mes
albums pour enfants ou même dans « Norma », mon premier roman en littérature
générale, dont le héros est un adolescent, Léo. Dans mes nouvelles « Passages »
(Océan édition), on rencontre aussi bien des garçons que des filles. Quant aux
« Princes charmants n’existent pas », il fait la part belle aux garçons aussi,
à travers les lettres de Rodrigue. Sans compter « Lettre au poète », qui évoque
Jean Cocteau. Mais il est vrai que je suis aussi très intéressée par la femme
et son corps, ce qui transparait dans mes autres textes pour adultes.
10. Vous
avez racontez votre propre expérience dans L’inhabitée, ce n’est pas trop
difficile de raconter une expérience telle que celle-là ? ou au contraire
est-ce un soulagement ?
À
vrai dire, je n’avais pas le choix. C’était une question de survie. Il ne
s’agissait pas d’écrire un témoignage, mais d’arriver à sublimer ma détresse
pour en faire une œuvre littéraire. La construction et les mots permettent la
distance, cette part d’universalité qui fait la force d’un roman et engage
l’empathie du lecteur. Je voulais contrer le destin, parler de mon infertilité
pour me rendre fertile, me remettre à créer, me rendre la vie.
11. Lorsque
vous commencez l’écriture d’un roman, suivez-vous un processus particulier ?
Quand
je commence à l’écrire, c’est qu’il est d’une certaine façon prêt à sortir. En
général, j’ai une ligne directrice assez lâche qui oscille au mesure que les
chapitres avancent. Plus qu’une ligne, c’est une sensation qui me guide tout au
long de l’écriture. J’ai remarqué aussi que j’ai une BO spécifique pour chaque
texte, idem avec les lectures qui me nourrissent pendant l’écriture.
12. Vous
avez déjà reçu plusieurs prix pour vos livres (prix Chronos, prix Matti Chiva…),
qu’est-ce que l’on ressent à ce moment-là ?
J’ai
été très gâtée en recevant le Prix Chronos pour mon tout premier roman. C’était
un peu irréel, mais j’étais très fière et le prix étant doté, ça m’a permis
d’écrire le deuxième. Recevoir le Prix du Festival du Premier Roman pour «
Norma » a aussi été un merveilleux moment. C’est une reconnaissance qui
encourage à continuer, et vu la difficulté de la condition d’auteur, c’est
précieux.
13. Quels
sont vos livres préférés ? votre style préféré ?
Ça,
c’est la question piège ! Je n’ai pas de
style préféré. Adolescente, je lisais tout ce qui me tombait sous la main :
classiques français, russes, théâtre, poésie, polars de la Série Noire etc. Je
continue encore aujourd’hui, sauf que je suis de plus en plus intéressée par le
style et la façon dont l’histoire est écrite, plutôt que par l’histoire
elle-même. Du coup, beaucoup de livres me tombent des mains.
14. Un
dernier mot pour vos lecteurs ou futurs lecteurs ?
Les
remercier d’exister et de me suivre ?
BIBLIOGRAPHIE de MAIA BRAMI :
• Romans
:
- L’inhabitée, Editions de l’Amandier
(2015)
- Paula Becker le peinture faite femme,
Editions de l’Amandier (2015)
- La vie refusée, Editions de L’Ixcéa
(2012)
- Dans le ventre des femmes, BSC
Publishing (2012)
- Le sang des cerises, Editions Rhubarbe
(2010)
- Norma, Editions Folies d’encre (2007)
• Nouvelles
:
- Passages, Océan Editions (2010)
• Essais
:
- Lettre au poète, Editions Belin (2014)
• Poésie
:
- Suite enfantine, Editions du Petit
Flou (2013)
- Pas d’ici, pas d’ailleurs, anthologie
de voix féminines, Voix d’Encre (2012)
- Enfances, regards de poètes,
anthologie, Editions Bruno Doucey (2012)
- Pour qu’il advienne, poèmes, Editions
Caractères (2010)
• Beaux
livres :
- Kama Sutra, 30 positions pour
fantasmer, Editions Magellan & cie
- 9 mois par moi, carnet de grossesse,
Editions Aubanel
• Jeunesse
:
- Même les stars aiment les sardines à
l’huile (2015)
- Les princes charmants n’existent pas,
Nathan (2014)
- Le garçon d’à côté, roman Je bouquine
(2013)
- Serpent à lunettes !, Nathan
- En rentrant de l’école, Editions
Grasset Jeunesse
- Goûte au moins, Editions Circonflexe
- Ne me parlez plus de Noël !, Nathan
- Mon arbre ami, Editions Casterman
- Les pères aussi ont leurs secrets,
Editions Grasset Jeunesse
- Vis ta vie Nina, Editions Grasset
Jeunesse
• Collectifs
:
- Histoires cueillies pour Haïti,
TheBookEdition (2010)
- Quand les baobabs chatouillent les
nuages, Vision du monde/Destination2055 (2010)
- Si je t’écris, Aide au Soutien des
Enfants Malades (2007)
- Amis-mots, Aide au Soutien des Enfants
Malades (2005)
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